Le PPF, un parti historique

1er drapeau du PPF créée en 1936 arborant les initiales du parti
Le Parti populaire français est créé le juin 28 juin 1936 à Saint Denis (93) par Jacques DoriotFormé dans les écoles du Komintern à Moscou (ancien chef des Jeunesses communistes (JC) (1923), membre du comité central du Parti communiste français(PCF), maire de Saint-Denis (1931)., il est élu député communiste à 25 ans (1924). Jacques Doriot (1898-1945) fut au sein du PCF le grand rival de Maurice Thorez. En 1934, pour avoir refusé de se plier aux exigences de Staline et prôné trop tôt une alliance avec la SFIO avant que celle-ci ne soit autorisée, il est exclu du PCF.


Au niveau des chefs comme de celui des militants les deux plus forts contingents de membres du PPF proviennent du Parti communiste français et des ligues nationalistes (notamment des Croix-de-feu lassés de la modération du colonel de La Rocque), de l'Action française, de la Solidarité française et quelques personnes issues du francisme de Marcel Bucard, comme Vauquelin des Yveteaux, chargé de la propagande au PPF. En définitive, « Aux origines du PPF, on retrouve donc les deux courants de la fusion qui caractérise le premier nationalisme revolutionnaire : l’extrême-gauche révolutionnaire et le nationalisme anti-parlementaire »


Le PPF connaît un démarrage très rapide en 1936-1937, dopé par l’anticommunisme croissant en réaction au Front populaire. En 1937, Doriot tente alors de s’imposer comme le principal leader nationaliste en constituant un Front de la liberté pour s'opposer au Front populaire, avec le Parti républicain national et social, dirigé par Pierre Taittinger (avatar des Jeunesses patriotes, également dissoutes en juin 1936), le Parti agraire et paysan français de Fleurant Agricola et la Fédération républicaine, l'un des deux grands partis de droite de l'époque. L'Action française, sans y adhérer formellement, en est très proche et soutient les candidats du Front aux élections, notamment aux législatives partielles de 1937, 1938 et 1939. Le rassemblement du Front de la liberté échoue en grande partie par des intérêts contradictoires entre les partis participants ainsi que par la question que pose le Parti social français dont l'affaiblissement est le véritable objectif du Front de la liberté


usqu'en 1938, la direction du PPF se garde de verser dans l'antisémitisme, expliquant que le parti a mieux à faire que s'en prendre aux Juifs, ou a fortiori de les défendre.
938, une affiche du PPF appelle Daladier, au nom des « Nationaux » qui le « soutiennent », à procéder à « la dissolution du Parti communiste ».



Profil et organisation historique du PPF







1) Origine politique des membres du PPF : En novembre 1936 (au 1er congrès du PPF), sur 625 (ou 623 ?) membres :




    • 240 (39%) n’avaient jamais fait de politique.
    • 207 de gauche (33%) : 133 communistes, 54 socialistes SFIO, 12 radicaux-socialistes, 6 néo-socialistes, 2 membres du PUP.
    • 176 de droite (28%) : 91 Croix-de-feu, 32 Action française, 10 Solidarité française, 8 Jeunesses patriotes, 7 Francistes, 5 Alliance démocratique, 23 conservateurs chrétiens.




    •  Origine sociale des membres du PPF au Congrès de 1936 :
      • ouvriers : 49 %
      • classes moyennes : 43 % (dont employés de bureau : 21 % ; et ingénieurs, entrepreneurs, professions libérales : 21%).
      • autres : 8%
      • En mars 1937, sur 130.000 membres, le PPF comptais 35.000 anciens communistes (soit 27% des membres) (Pascal Ory, Les collaborateurs). La section de la Côte-d'Or, assez représentative de la province, comptait une moitié de militants issus du mouvement de La Rocque, un tiers venus l'Action française, et 10 % venus du Parti communiste ou de la SFIO.




      • Origine sociale des membres du PPF au Congrès de 1938 :
        • ouvriers : 37 %
        • classes moyennes : 58 % (employés et fonctionnaires, enseignants, ingénieurs, entrepreneurs professions libérales).
        • autres : 5%
        •  Effectifs historique du parti : 120.000 membres à l’apogée en 1937-début 1938. Le PPF jouira de quelques forts bastions historiques : la région parisienne, Marseille (après ralliement de Simon Sabiani et son Parti d’action socialiste) et par extension la Côte d'Azur (Nice).
        •  L’Union populaire de la jeunesse française (UPJF). Le mouvement de jeunes du PPF, est créées en 1936 par 6 jeunes (3 venus des Jeunesses communistes, un des Jeunesses socialistes, un JOCiste). Son chef à Bordeaux en 1937 est le futur constitutionnaliste Maurice Duverger.
         Les organes de presse historique du PPF :
        • La Liberté, dont le rédacteur en chef est Camille Fégy (venu de L'Humanité).
        • L'organe du parti était L'Émancipation nationale (1936).
        • Le Cri du Peuple : quotidien créé en octobre 1940.

        Personnalités historique du PPF

        Premier bureau politique en 1936 :
        • Chef : Jacques Doriot.
        • Secrétaire général (jusqu’en 1939) : Henri Barbé (membre du bureau politique du Parti communisteà partir de 1927, l’un des quatre dirigeants en 1929-1930, exclu du PCF en 1934, secrétaire général du PPF de 1936 à 1939.Quitte le PPF vers 1939)
        • Chef Afrique du Nord : Victor Arrighi (membre du Parti communiste, directeur de la Banque ouvrière et paysanne du PCF)
        • Porte-parole : Paul Marion (membre du Parti communiste(1922), du comité central du PCF (1926), secrétaire de la section Agit-prop. En 1927-1929, à Moscou, il appartient au bureau de propagande du Komintern. Rompt avec le PC en 1929, rejoint la SFIO puis l’USR, pacifiste de gauche néo-socialiste (Notre temps). Puis rejoint le PPF (1936) ou il sera rédacteur en chef de L'Émancipation nationale puis de La Liberté. Après 1940 : sera ministre de l’information au gouvernement du Maréchal Pétain).
        • Jules Teulade (membre du Parti communiste, secrétaire de la Fédération CGTU du bâtiment, délégué du Profintern en 1926-1928, écrit dans L’Humanité. Puis membre du bureau politique du PPF (1936), collabore à La Liberté, L’Émancipation nationale, Le Cri du peuple. Également co-dirigeant du Comité ouvrier de secours immédiat de 1942 à 1944).
        • Alexandre Abremski (ancien conseiller municipal communiste de Saint-Denis. Ami juif de Jacques Doriot qu’il suit en 1934. Mort accidentelle en 1938).
        • Marcel Marschall (ancien conseiller municipal communiste de Saint-Denis. Suit Doriot en 1934. Devient maire de Saint-Denis et conseiller général de la Seine.
        • Yves Paringaux (ingénieur, ex-VN des Croix-de-feu. Adhère au PPF en 1936).
        • Joseph Darnand (membre en 1936, également membre de la Cagoule. Deviendra chef de la Milice Française).
        • Pierre Pucheu (normalien, secrétaire général du Comptoir sidérurgique, ex-Croix-de-feu. Au PPF en 1936, il lui apporte des subsides patronaux. Sera ministre de l’intérieur du gouvernement du Maréchal Pétain.
        • Jean Le Can (entrepreneur en BTP bordelais qui a construit le port de Bordeaux.
        • Claude Popelin (avocat, membre du Parti radical-socialiste, puis ex-responsable des VN des Croix-de-feu).
        • Robert Loustau (ingénieur des mines, catholique, membre d’Ordre nouveau puis des Croix-de-feu. Au PPF en 1936, il rédige le programme économique et social du PPF qui mélange corporatisme et technocratie.Sera directeur de cabinet de Pierre Pucheu au gouvernement du Maréchal Pétain).
        • Pierre Drieu La Rochelle (écrivain. Au début des années 1920, proche du parti communiste, mais aussi attiré par l'Action française (1922). Puis partisan de Clemenceau, Aristide Briand, la SDN. Au début des années 1930, il est proche des rénovateurs radicaux-socialistes :Gaston Bergery (son mentor en 1929-1933), Pierre Dominique, Bertrand de Jouvenel. À partir de 1934, se déclare fasciste, écrit dans « Lutte des Jeunes ». Au PPF en 1936, membre du bureau politique en 1938. Il le quitte en 1938 mais y revient en 1939.
        • Bertrand de Jouvenel (politiquement situé sur l’aile gauche du parti radical, il écrit en 1930 Vers les États-Unis d’Europe, travaille à La République (journal radical-socialiste). Puis il fonde « Lutte des jeunes » (1934). Il adhère au PPF (1936 à 1939), membre du bureau politique en 1938.
        • Ramon Fernandez (1894-1944, écrivain de gauche membre de la NRF, de la SFIO (1925) puis partisan du communisme et du Front populaire, puis adhère au PPF en juin 1937, membre du bureau politique du PPF en 1938 et jusqu'à sa mort en 1944, écrit dans la NRF, La Gerbe).
        • Claude Jeantet (ex-secrétaire général des étudiants de l'Action française, journaliste à Je suis partout. Au PPF en 1936, membre du bureau politique en 1938).
        • Simon Sabiani (membre du Parti communiste jusqu’en 1922, puis député socialiste indépendant, partisan d’un socialisme national, fonde le Parti d’action socialiste (PAS), parti absorbé par le PPF en 1936, ami des truands de Marseille. Devient en 1938 vice-président et membre du bureau politique du PPF).
        • Émile Masson (au bureau politique du PPF en 1938).
        • Maurice Touze (au bureau politique du PPF en 1938).
        Autres responsables historique du PPF 
        • Bertrand de Maud’huy (financier à la banque Worms, ancien membre du cabinet d’Aristide Briand, puis proche du PDP démocrate-chrétien, puis responsable des VN des Croix-de-feu, puis au PPF en 1936 (membre du comité centrale dès 1936). 
        • Henri Lèbre (ex-Action française).
        • Alfred Fabre-Luce (radical rénovateur, rédacteur du Plan du 9 juillet 1934, rédacteur en chef deL’Europe Nouvelle, revue de la féministe Louise Weiss. Au PPF en 1936, pétainiste mais opposé au STO).
        • Jacques Martin-Sané (juriste, ex-Jeunesses patriotes. Membre du comité central du PPF vers 1937. Après 1940 : préfet sous le gouvernement du Maréchal Pétain).
        • Jean-Marie Aimot (ex-Franciste et ex-"Ami du Peuple". Membre du comité central du PPF vers 1937. Après 1945 : écrira dans Défense de l'Occident).
        • Georges Deshaires (ex-PCF. Membre du comité central du PPF vers 1937).
        • Marius Paquereaux (maire communiste d'Athis-Mons (1928-1931), membre du bureau politique duParti communiste(1922). Exclu du PCF en 1930. Puis membre du comité central du PPF vers 1937. Abattu en 1944 par les communistes).
        • Maurice Lebrun (Joseph Serre dit) (communiste, secrétaire de rédaction à L’Humanité. Puis membre du comité central du PPF vers 1937 et administrateur de L'Émancipation nationale.)
        • Abel Bonnard (ex-Action française, membre de l'Académie française. Après 1940 : ministre de l’Education du gouvernement du Maréchal Pétain).
        • docteur Alexis Carrel (ex-Action française, prix Nobel de médecine en 1912. Après 1940 : fonde à Vichy la Fondation française pour l'étude des problèmes humains destinée à « améliorer » la population française, et devenue en 1945 l'Ined).
        • Camille Fégy (secrétaire de rédaction de L'Humanité. Rallie le PPF en 1936 ; rédacteur en chef de "La Liberté", rédacteur en chef de l’hebdomadaire La Gerbe).
        • Maurice-Yvan Sicard (né en 1910, journaliste de gauche, antifasciste. Rejoint le PPF en 1936, rédacteur en chef de L'Émancipation nationale. Deviendra écrivain sous le nom de Saint-Paulien).
        Autres membres historique du PPF 
        • Jean Fontenoy (membre du Parti communiste passé au PPF en 1936. Après 1940 : co-fondateur de la LVF).
        • Lucien Mangiavacca (militant PCF de Marseille, suit son ami Sabiani au PPF).
        • Pierre Andreu (groupe Ordre nouveau).
        • Marcel Ouette (dirigeant des Jeunesses communistes de Saint-Denis, puis rallie le PPF).
        • Paul Guérin (médecin, Croix-de-feu, puis journaliste à Je suis partout, puis au PPF. Après 1940 : président des groupements corporatifs français du PPF. Assassiné en septembre 1943).
        • Pierre Dutilleul (secrétaire de la fédération communiste du Nord. Dirigeant du Secours ouvrier international. Rejoint le PPF en 1936. Membre du bureau politique du PPF, président de la commission centrale de contrôle politique du PPF).

        Jacques Doriot, figure emblématique 


        du PPF


        Formé dans les écoles du Komintern à Moscou, député communiste à 25 ans, maire de Saint-Denis à 32,Jacques Doriot (1898-1945) fut au sein du PCF le grand rival de Maurice Thorez. Pour avoir refusé de se plier aux exigences de Staline et prôné trop tôt un rapprochement avec les socialistes, il est exclu du Parti en 1934.




        Deux ans plus tard, le 28 juin 1936, il fonde le Parti populaire français (PPF). Fait paraître en octobre 1940 un nouveau quotidien, Le Cri du Peuple. Confie à Albert Beugras, dès la fin 1941, la charge de constituer un service de renseignements pour la protection des membres du Parti. Rallié prudemment à la Collaboration tant qu’a subsisté l’hypothèque du pacte germano-soviétique, Doriot ne brûlera vraiment ses vaisseaux qu’en juin 1941, lorsque les divisions allemandes se lanceront à l'assaut de l'URSS. Il réclame alors la création d'une Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) et, de tous les dirigeants des grands partis collaborationnistes, il sera le seul à combattre sur le front de l'Est, à plusieurs reprises, de novembre à décembre 1941, et d'avril 1943 à février 1944.
        "Une légion de volontaires a été formée. Jacques Doriot s'y est inscrit, donnant un rare exemple d'accord entre les idées et les actes. Ce soldat qui part pour le front de l'Est est aussi un homme d'État", écrivait Alfred Fabre-Luce.
        Le sujet est exigeant. Valla insiste sur la période communiste de celui que ses admirateurs appelaient "le grand Jacques" et l'explique. Il en dresse un portrait rigoureux, qui instruit et force à réfléchir.
        En 1924, Jacques Doriot a été en pointe dans le combat anti-colonialiste, mais il se voit attribuer - à tort, dites-vous - la paternité d'un télégramme de soutien à l'adresse du chef rebelle marocain Abd el-Krim. En 1936, le colonel de La Rocque l'accusera d'être responsable de la mort de soldats français.
        Contrairement à une légende que les communistes eux-mêmes ont propagée, il ne s'est jamais rendu clandestinement au Maroc et n'a jamais rencontré Abd el-Krim. Par contre, il a effectué un voyage en Algérie avec une petite délégation, partie de Marseille le 29 août 1925, sous le contrôle étroit de la police. On ne peut donc pas accuser Doriot d'être responsable de la mort de soldats français.
         Il se replie en Allemagne en été 1944. Il y trouvera la mort, le 22 février 1945, dans sa voiture mitraillée sans doute au hasard par des avions alliés. Ainsi disparaissait l’une des figures les plus énigmatiques de l’histoire politique française du XXe siècle, dont Pierre Pucheu, qui ne l’aimait guère, a pu écrire : « À vrai dire, je n’ai pas connu dans notre génération d’homme ayant reçu à tel point du ciel des qualités d’homme d’État. »



        Les oeuvres littéraires de Jacques Doriot

        • Refaire la France, Grasset.
        • C'est Moscou qui paie, Flammarion, 1937.
        • La France ne sera pas un Pays d'esclaves, Les Œuvres Françaises, 1936.
        • La France avec nous, Flammarion, 1937.
        • Je suis un homme du Maréchal, Grasset, 1941.
        • Les Soviets partout !, Notre Combat pour la FNS n°17 (1942).
        • Le mouvement et les hommes, éd. de France.
        • Les colonies et le communisme, éd. Montaigne, 1929.
        • Discours de Doriot, disque 33t, coll. Hommes et Faits du XXe siècle.